jeudi 16 décembre 2010

Alcool au volant,, j'ai payé le prix!

Jamais plus la prison
Crédit photo : Agence QMI
Agence QMI
«Je viens de vivre un des pires épisodes de ma vie. Si j'ai eu ma leçon? Oh! que oui! Jamais, je ne retournerai en prison...»
«C'est comme si j'avais reçu un coup de pied au cul, un hos... de coup de pied au cul, qui devrait m'amener ailleurs, vers quelque chose de positif, mais j'ai payé le prix!»
La voix étreinte par l'émotion, le producteur Michel Brazeau a accepté de faire le point sur son expérience de détention dans une entrevue exclusive au Journal de Québec.


Samedi, il a retrouvé l'air libre après avoir passé 26 jours au Centre de détention de Québec, où il a purgé les deux tiers de sa peine à la suite de sa condamnation comme récidiviste de l'alcool au volant.
Lorsqu'on lui demande de tracer un bilan de son incarcération, il lance d'abord : «C'est long, maudit que c'est long; mais ça fait réfléchir.»
En juin, à la suite de son arrestation, il avait passé trois jours en prison. «Je savais donc ce qui m'attendait. J'étais préparé mentalement lorsque je m'y suis retrouvé le 15 novembre.»
On lui avait fourni une liste d'objets personnels et de vêtements qu'il pouvait apporter : deux pantalons, deux chandails, etc.
Il s'est retrouvé dans la section 13, appelée l'aile de transition. «Là où les détenus et les prévenus ne font que passer. Mais dans mon cas, et je ne sais pas pourquoi, on m'a gardé dans cette aile tout au long de mon incarcération. À l'encontre des autres sections, l'aile de transition n'offre aucun programme, aucun privilège, aucune activité. Il n'y a rien à faire sinon regarder la télé en groupe et tourner en rond dans la cour une heure par jour.»
«Plate à mort»
«La première semaine, j'ai eu un codétenu différent tous les jours. Ma cellule a même servi de cellule de camping. Comme il n'y a qu'un seul lit, lorsque la prison déborde, on ajoute un matelas à terre pour accueillir temporairement un autre détenu. Heureusement, après la première semaine, j'ai pu faire mon temps seul dans ma cellule...
«Y a rien à faire. C'est plate à mort», répète Michel Brazeau, qui communiquait chaque jour au téléphone avec sa blonde. Mais il a refusé de la voir et de recevoir toute autre visite. «Ça aurait été trop dur pour moi de les voir partir. Je préférais m'éviter ça.»
Il refusait aussi de compter le nombre de jours qu'il lui restait à purger. Même la veille de sa libération, il n'arrivait pas à se réjouir. «J'attendais d'avoir le nez dehors pour enfin profiter de ma liberté.»
Le vacarme
Ce qu'il a trouvé le plus difficile, en plus de l'ennui, c'est «le vacarme» du matin au soir dans cet environnement de béton et de métal où je me réveillais au son de l'ouverture des portes de métal...
«L'environnement est froid et austère avec son long corridor et sa vingtaine de cellules. Tu vis dans un espace restreint, où tout se fait en groupe comme écouter la télévision ou même prendre sa douche. Mais peut-on se plaindre? Après tout, c'est une prison!»
Il n'a pas eu le temps de nouer de véritables amitiés avec des codétenus. «Plusieurs sont venus pour me poser des questions sur mon travail de producteur. Ils étaient curieux. Ils m'ont posé des questions sur des groupes comme Metallica et Iron Maiden. Ils voulaient savoir comment ils étaient en privé. Il y en a même qui m'ont demandé à la blague de produire des shows à Orsainville.»
La lecture
Michel Brazeau passait presque tout son temps à lire seul dans sa cellule. Un charriot passait, et on m'offrait des vieux livres plus ou moins intéressants. Mais ça passait le temps.
«Dans l'aile de la transition, on n'a accès à rien, pas même à la bibliothèque ou au gym. On pouvait lire le journal, mais il fallait l'acheter; on se l'échangeait», ajoute le producteur qui n'a pu poursuivre ses activités professionnelles «en dedans», se disant privé de tout, sauf du téléphone qu'il devait toutefois partager avec 20 autres détenus, avec obligation de placer des appels - même locaux - à frais renversés!
Devant son thé vert, dans un café de l'avenue Cartier, à deux pas de chez lui, Michel Brazeau se remettait difficilement hier de ce sombre épisode de vie qui continue de le hanter. «Ça fait trois jours que je suis sorti et je me sens encore en dedans. Quand j'ai mis le pied dehors, je n'ai eu aucune réaction enthousiaste; je me suis soudainement senti complètement épuisé moralement. C'est comme si les nerfs me lâchaient, après avoir passé 26 jours dans un environnement que j'ai trouvé très stressant. D'ailleurs, ce stress continue de m'habiter.»
Salutaire
Mais il reconnaît que cette cure forcée lui a été salutaire dans sa quête de sobriété. «Les autres cures n'avaient pas donné de résultat, mais celle-là m'a vraiment fait réfléchir. C'est sans doute le coup de pied au cul dont j'avais besoin.»

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